Histoire du tatouage

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il y a 12 ans

Le tatouage est une pratique attestée en Eurasie depuis le néolithique. «Otzi», l'homme des glaces découvert gelé dans les Alpes italo-autrichiennes arbore des tatouages thérapeutiques (petits traits parallèles le long des lombaires et sur les jambes). Les analyses au carbone 14 réalisées par la communauté scientifique estiment sa mort vers 3500 av. J.-C. En Égypte, trois momies féminines tatouées sur les bras, les jambes et le torse, datant de l'an 2000 avant J.-C., ont été découvertes dans la vallée de Deir-el-Bahari (près de Thèbes). Leur description évoque de nombreux tatouages représentant des lignes parallèles et des points alignés. Tout comme en Égypte, plusieurs momies tatouées ont été découvertes dans la région de l'ancienne Nubie.. En 1910, une première momie, datant de l'an 1500 avant J.-C., est découverte par le britannique Cecil M.Firth sur le site archéologique de Kubban (environ 100 km au sud d Assouan. Elle présente des éléments de tatouage sur la région abdominale en forme de losanges pointillés entourés d'une double rangée de tirets.Puis en 1961, de nombreuses momies tatouées sont découvertes par André Vila sur le site de fouilles françaises au village d'Aksha dans le nord du Soudan.Toutes les momies dont le sexe a pu être identifié sont des femmes, à l'exception d'un homme tatoué sur le visage. Le style des tatouages est le même qu'en Égypte et sur le site de Kubban, et représente aussi des motifs géométriques, des points et des lignes. André Vila estime que ces momies datent du avant notre ère, voir du tout début du 1 siècle de l’ Ere chrétienne. Dans le bassin du Tarim (Xinjiang en Chine), de nombreuses momies de type européen sont découvertes par des archéologues chinois. Une partie d'entre elles sont tatouées sur les mains, les bras ou le dos9. Encore mal connues (les seules publications accessibles en langue occidentale sont celles de Victor H. Mair et James P. Mallory)certaines d'entre elles pourraient dater de la fin du 2e millénaire avant notre ère. En outre, trois momies tatouées ont été extraites du permafrost de l'Altaï dans la seconde moitié du XXe siècle (« L'Homme de Pazyryk » dans les années 1940 et « La Dame d'Ukok » et « L'Homme d'Ukok » dans les années 1990) ; elles arborent des motifs zoomorphes exécutés dans un style curviligne. « L'Homme de Pazyryk » est tatoué sur l'ensemble des bras, le dos et la poitrine12. « La Dame d'Ukok » et « L'Homme d'Ukok » portent aussi des tatouages d'un style proche de la momie de Pazyryk et qui représentent des animaux. Selon les estimations scientifiques, la datation de ces momies se situe entre le Ve et le IIe siècle av. J.-C. Au début de notre ère, les Bretons arboraient de nombreuses marques corporelles souvent décrites comme des tatouages dans les récits de conquêtes de Jules César. Hérodien, un historien romain du IIIe siècle, écrit à leur propos : « Les Bretons se tatouent le corps de peintures variées et de figures d'animaux de toutes sortes. Voilà pourquoi ils ne s'habillent pas, pour ne pas dissimuler leurs dessins corporels ». Servius, un grammairien du IVe siècle, est même convaincu que « les gens de Bretagne portent des tatouages » et que cette forme de marquage doit être clairement différenciée de la peinture corporelle14. Au Japon, des figurines datant de l'ère J?mon portent des symboles ressemblant à des tatouages, mais aucune étude scientifique n'a pu mettre à jour des preuves concrètes attestant de ces pratiques. Les premières traces connues sont issues d'écrits chinois datant du IIIe et VIe siècle. Ces textes parlent de pêcheurs dont le corps est entièrement recouvert de tatouages15,16. Dans le Kojiki, écrit en 712, il est décrit deux différents types de tatouages, un considéré comme « prestigieux » pour les personnes illustres, les héros et les nobles, et un plus « vulgaire » pour les criminels et les bandits. Au VIIIe siècle, le pape Hadrien bannit le tatouage, ainsi que toutes les marques corporelles d'inspiration païenne. En outre, le judaïsme interdit toute inscription entaillée et marquée à l’encre indélébile (Deutéronome 14.1, Lévitique chap. 19 verset 28 « Vous ne ferez point d'incisions dans votre chair pour un mort, et vous n'imprimerez point de figures sur vous. Je suis l'Éternel. »). Le tatouage serait donc mal considéré dans la culture occidentale à cause des condamnations judéo-chrétiennes dont il fait l'objet. De plus, les Normands, qui ont envahi l'Europe du nord au XIe siècle, méprisent le tatouage. L'ensemble de ces interdictions et considérations néfastes vis-à-vis du tatouage provoquent sa « disparition » durant de nombreux siècles en occident du IXe au XVIIIe siècle. Ce n'est qu'en 1770 que les Européens « redécouvrent » le tatouage, lors des explorations dans le Pacifique Sud avec le capitaine James Cook. Dans la culture européenne, les marins en particulier étaient notamment identifiés avec ces marques jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Ces mêmes marins européens se tatouaient souvent un crucifix sur tout le dos afin de se prémunir de la flagellation en cas de punition car c'était un crime que de défigurer une image pieuse. Ce système d'identification est aussi, avant l'arrivée de la photo d'identité, un moyen sûr et efficace pour le renseignement des fiches des forces de police sur la pègre Les fiches de polices, jusqu'au XIXe siècle, comportaient la signalisation et la description de chaque tatouage qui permettait ainsi d'identifier sans erreur un individu.À partir de la fin du XXe siècle, le tatouage commence à se démocratiser. De plus en plus de personnes se font tatouer, à l'image de stars du sport, de la musique et du cinéma, qui arborent publiquement leurs tatouages.

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